Vocabulaire de base pour le domaine du
cinéma en français
David F. Bell
Le montage et sa "grammaire"
- le montage: l'assemblage des divers plans
enregistrés suivant l'ordre prévu par le découpage (la
description écrite de tous les plans et des sons qui doivent les
accompagner)
La "grammaire" du montage:
- montage linéaire: le plus simple, les plans sont
assemblés en vue de raconter une histoire de la façon la
plus simple.
- montage inversé ou le montage en
flash-back: la chronologie est
bouleversée et on saute dans le passé pour expliquer le
présent.
- montage parallèle ou le montage
alterné: plusieurs
actions sont présentées comme si elles se passaient en
même temps, en parallèle justement.
- montage par leitmotiv: une image est insérée
périodiquement comme une sorte de contrepoint.
- montage accéléré: utilisé pour augmenter l'impression de
vitesse dans les films d'action (par exemple, dans les
course-poursuites). On l'obtient en montant à la suite des
plans de longueur très brève.
- montage cut: le montage de plusieurs plans successifs sans
la liaison de transitions artificielles comme le volet ("wipe") et le fondu-enchaîné ("fade out, fade in"). C'est un montage brut et
saccadé.
- le raccord: un des principes de base de la grammaire du
montage. Deux plans, deux séquences doivent
présenter une continuité visuelle, être
reliés harmonieusement. On dit qu'ils doivent raccorder ou être raccord.
C'est la scripte ("script girl") qui est plus particulièrement
chargée de veiller à ces liaisons, qu'on appelle
raccords: raccords d'objets, de costumes, de mouvements, raccords
de regards et de lumière. Un plan de raccord,
tourné indépendamment des scènes principales, peut
être inséré au montage pour assurer la bonne liaison
entre les plans ou les séquences. Un faux raccord est une
erreur de liaison entre deux images.
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L'emplacement et les caractéristiques de la caméra
- le champ: le champ est l'espace embrassé par la
caméra. Il dépend de l'objectif
employé pour la caméra.
L'acteur peut être
dans le champ, mais il peut aussi:
- entrer
dans le champ
- sortir
du champ
- être
hors champ
Toutes les expressions
précédentes portant sur le champ peuvent également se dire du cadre (voir la
rubrique suivante): être
dans le cadre, entrer dans le cadre,
etc.
- le cadre: ce sont les limites de l'image ou du champ
filmé qui, à la projection, se confondent avec les
frontières de l'écran. Cadrer une
image, c'est donc choisir les
éléments visuels qui vont faire partie de l'image et
exclure les autres. Tout ce qui n'entre pas dans le cadre est dit hors champ ou off (par exemple, une voix off).
Malheureusement, lorsqu'on regarde un film dans sa version en
vidéocassette, une bonne partie du travail de cadrage n'est plus
visible, car la version en vidéocassette exige un recadrage des
images. Le rectangle de l'écran de télévision
n'a pas les mêmes proportions que celui de l'écran de
cinéma (l'écran de cinéma est plus large que
l'écran de télévision). Il faut donc recadrer les images du
film pour les faire entrer dans le cadre de l'écran de
télévision, c'est-à-dire, choisir seulement un
fragment du cadre d'origine...
- le contrechamp: un contrechamp est la portion d'espace qui
fait face au champ: elle lui est diamétralement
opposé. On peut filmer des champs et des contrechamps pour
définir toutes les perspectives d'un décor.
Un montage en champ-contrechamp permet par exemple de restituer un dialogue, la
caméra prenant la place des acteurs au moment où ils ne
parlent pas.
- la profondeur de champ: la profondeur de champ est la portion d'espace
dans laquelle tous les détails de l'image sont nets: elle
peut être plus ou moins profonde et cette profondeur est surtout
contrôlée par l'ouverture de l'objectif (ou plutôt du diaphragme de l'objectif), qui, à son tour est fonction de
la vitesse de la pellicule et des conditions de la lumière dans la
scène.
- l'angle de prise de vues: il varie en fonction des objectifs choisis et
de la place de la caméra par rapport au sujet qui va être
filmé. Normalement la caméra est placée
horizontalement, à la hauteur du regard d'un homme, mais la
position peut varier.
- prise de vue plongée:
on place la caméra au-dessus du sujet à filmer.
- prise de vue contre-plongée:
on place la caméra en dessous du sujet à filmer.
- changement d'angle: on peut, bien évidemment, bouger la
caméra pendant la prise de vue d'une scène.
- le
mouvement de la caméra: on
part de la situation où la caméra est fixe sur un
axe. De là quatre types de mouvement sont possibles (et
peuveut être combinés).
- le
panoramique: la
caméra reste sur place et pivote autour de son point de fixation
de droite à gauche ou le contraire (panoramique
horizontal); ou de haut en
bas ou le contraire (panoramique vertical).
- le
travelling:
placée sur un véhicule mobile ou maniée par un
opérateur utilisant un steadycam, la caméra se
déplace en latéral, en vertical, en avant ou en arrière.
- le dolly: appelé ainsi car la
caméra est placée sur une plateforme qu'on appelle un
dolly. Se déplaçant sur le dolly, la caméra
s'approche ou s'éloigne d'un objet (dolly in, dolly out). Le dolly est, en fait, une
sous-catégorie du travelling, mais désigne tout
particulièrement le mouvement de la caméra se rapprochant
ou s'éloignant d'un objet. Le terme n'est plus guère
utilisé.
- le zoom: on varie la focale de
l'objectif de la caméra et ainsi la caméra donne
l'impression de se rapprocher ou de s'éloigner d'un objet.
L'effet d'un travelling optique n'est pas le même que celle d'un
dolly où la caméra se déplace réellement,
car les proportions entre les objets filmés varient de
façon différente selon que l'on utilise l'une ou l'autre
technique.
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Le son
- la bande sonore: la partie de la pellicule sur laquelle
sont enregistrés les sons et la musique. Par extension,
toute la partie "son" d'un film. "Ce film a une bande sonore
très intéressante ou très artistique."
- le bruitage: l'organisation des bruits qui
complèteront la bande sonore d'un film et, en particulier, des
bruits qui n'ont pas été enregistrés au moment
où on filmait et qui sont ajoutés après coup.
- le dialogue: l'ensemble des phrases prononcées par
les protagonistes de l'histoire. Les dialogues peuvent être
enregistrés en son direct au moment du tournage,
postsynchronisés si le lieu du tournage est trop bruyant,
doublés s'ils sont traduits dans une langue
étrangère.
D'autres termes utiles
- l'arrêt sur image ("freeze frame"): un trucage
(littéralement, "trick," i.e., "special effect")
réalisé au laboratoire. Il permet d'immobiliser le
film sur une image qui peut être reproduite à
l'infini. L'arrêt sur image est parfois utilisé pour
clôturer un film. De la même façon, on peut
arrêter un projecteur ou un magnétoscope sur une image
particulière d'un film, ce qui permet d'analyser les
détails. L'image équivaut alors à une photo
fixe.
- le fondu: l'image sur
l'écran se dilue ou se précise progressivement
plutôt que de disparaître ou d'apparaître
brusquement. Le fondu peut être utilisé pour ouvrir (ouverture en fondu)
ou pour fermer (fermeture
en fondu) un plan. L'image peut disparaître pour
révéler un fond noir (fondu au noir)
ou un fond blanc (fondu au blanc).
Une première image peut progressivement être
remplacée par une nouvelle image (fondu
enchaîné). Tous ces variants sont
utilisés généralement pour clore un chapitre (une
séquence) et dénotent généralement le
passage du temps. Le fondu
enchaîné est un trucage
réalisé lorsque le caméraman ferme progressivement
le diaphragme de la caméra et ensuite revient en arrière
(il rembobine la pellicule jusqu'à la prise où il avait
commencé à fermer le diaphragme) pour filmer une nouvelle
image en rouvrant progressivement le diaphragme.
- le volet ("wipe"): un
trucage réalisé au laboratoire: un cache mobile
permet de chasser l'image par le côté, et à mesure
que le cadre se libère, l'espace libéré est rempli
progressivement par une nouvelle image. L'effet du volet est
équivalent à celui du fondu.
- le ralenti: abbréviation de l'expression projection au ou en ralenti, le
ralenti est souvent utilisé à des fins
esthétiques. En accélérant la cadence
d'enregistrement des images, et en les projetant ensuite à la
vitesse normale de vingt-quatre par seconde, on décompose en
effet les mouvements des personnages, ce qui crée une impression
féerique. Le contraire du ralenti est, bien
évidemment, l'accéléré, peu utilisé depuis la transition au
cinéma parlant.
- le métrage: la longueur de pellicule impressionnée
au moment du tournage. Les limites suggérées
ci-dessous donnent une idée des catégories
généralement admises:
- long métrage ou grand film: de 60 minutes à 120 minutes
généralement
- moyen métrage: de 15 minutes à 60 minutes.
- court métrage: moins de 15 minutes
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- la pellicule: la fine membrane servant de support à
la couche sensible qui enregistre les images en défilant
derrière l'objectif dans le boîtier de la caméra. La
pellicule peut être plus ou moins sensible à la
lumière, c'est-à-dire, plus ou moins rapide. Le
choix de la vitesse de la pellicule dépend des conditions de la
lumière et de la profondeur de champ voulue par le
cinéaste. Plus une pellicule est rapide, plus elle permet
de filmer dans des conditions de lumière difficiles et plus elle
permet d'augmenter la profondeur de champ. Par contre, plus la
pellicule est rapide plus elle introduit de granulation dans l'image
enregistrée.
- l'objectif: un dispositif optique formé de
lentilles de verre ("glass lenses") montées dans un
boîtier. Il transmet les rayons de l'objet que l'on veut
filmer sur la pellicule--mais à l'envers, de sorte que l'image
impressionnée sur la pellicule est renversée.
L'entrée du flux lumineux à travers l'objectif est
réglée par le diaphragme, qui s'ouvre et se ferme à
volonté. Plus le diaphragme est fermé plus la
profondeur de champ est augmentée. Pellicule rapide + diaphragme très fermé
= grande profondeur de champ. Pellicule lente + diaphragme très ouvert =
profondeur de champ extrêmement réduite.
- le cinéma parlant, le
cinéma muet: sans
besoin d'explication...
- tourner: on dit tourner (tourner tel ou tel film,
tourner une scène, ou tourner tout simplement sans
complément: je tourne, il tourne) pour "enregistrer les
prises de vue d'un film" et l'on emploie volontiers le mot de tournage pour
désigner cette opération. On notera également
que tournage peut être synonyme de "lieu où se
déroule le filmage" puisque, si l'on dit assister au tournage
d'un film, on dit aussi aller sur le
tournage de ce même film.
Lorsque le metteur en scène signale son désir de commencer le tournage
d'une scène, il dit: "Moteur!" ("Camera!") Les techniciens
répondent: "Ça
tourne!" ("Action!")
- le cinéaste: à l'origine, n'importe quel individu
qui travaille dans le domaine du cinéma (terme utilisé
d'abord par le critique Louis Delluc). Ce terme désigne
aujourd'hui le maître d'oeuvre principal d'un film: le réalisateur ou
le metteur en scène. Ces trois termes sont à peu près
interchangeables. Mais on aura tendance à utitiliser le
terme metteur en scène pour désigner le cinéaste
seulement au moment où le cinéaste est réellement
en train de diriger les acteurs pour la scène qu'il tourne,
c'est-à-dire, où moment où il ressemble le plus
à un metteur en scène dans le sens théâtral
du terme.
- le générique: qu'il soit situé à la fin du
film ou, plus souvent, au début (parfois
précédé d'une séquence qu'on appelle pré-générique), le générique est la fiche
d'identité du film: il donne la liste précise de
tous ceux qui ont participé à sa fabrication et
présidé à sa naissance. L'ordre de
défilement des noms ainsi que la hauteur des lettres sont souvent
précisés par contrat.
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